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LE MYSTERE DU VENDREDI

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Vendredi; il pleut. Je me souviens avoir toujours eu l’angoisse du vendredi ; quand j’étais encore au lycée, j’avais l’impression qu’il pleuvait tous les vendredis. Je suis certaine que ce n’était pas si terrible, surtout à Marseille !
Je suis dans la cuisine, le Sungai*passe à une vingtaine de mètres devant moi. Désormais, la pluie ne me rend plus morose, au contraire, ici, à Bornéo où le climat est toujours très chaud (de plus en plus chaud !) et lourd d’humidité je me réjouis du rafraichissement qu’apportent les ondées des Landas (la mousson). Soudain, je perçois un son bizarre. Le bruit des gouttes qui tombent encore en douche légère rendent difficile l’identification de ce qui ressemble a une voix, un cri ou même un hurlement douloureux et pénible à entendre.
Nika, ma femme de ménage qui vient tous les vendredis me rejoints depuis l’autre bout de la maison. Elle est indonésienne et superstitieuse. Elle me demande « Qu’est-ce-que c’est ? »
Et moi de lui répondre : « Je ne sais pas. On dirait quelqu’un qui crie « Tonlong ! » « Tolong ! » (« A l’aide ! », « A l’aide ! ») » La chanson du film les « Ghosts Busters » me revient en tête, puis sur les lèvres : « There’s something strange in the neighborhood » mais Nika m’interrompt in-extremis.
« Shut ! » m’ordonne-t-elle, l’index sur sa bouche. Je remarque que les pupilles de ses yeux ont doublé; elle murmure à peine :
« C’est ça, oui : « Tolong ! » « C’est la première fois que ça arrive ? »
Je vois où elle veut en venir.
« Non, ce n’est pas un Hantu (un fantôme). »
« C’est quoi alors ? »
Je comprends qu’elle ait peur ; il n’est pas rare, ici, que quelqu’un disparaisse dans la jungle, généralement un homme, à la poursuite d’un hantu féminin qui le mène à sa perte, littéralement. Certains de ces coureurs de jupons ne ressortent jamais de la forêt épaisse ; d’autres sont retrouvés quelques jours plus tard sur un chemin ou une route, sérieusement déshydratés et désorientés, racontant s’être égaré pour avoir suivi une créature de rêve, un esprit charmeur.
Je rassure Nika que ca ne peut être qu’un animal ; un oiseau ; et de me lancer dans la description délicate d’un oiseau qu’elle n’a jamais vu et que je n’ai jamais eu à décrire en langue indonésienne: un paon qui crierait « Léon ! Léon ! » et non pas « Tolong ! Tolong ! » donc, rien d’alarmant.
Alors que les hurlements s’amplifient, je lui explique que quelqu’un dans le plus proche village (qui se trouve à plus d’un kilomètre !) s’est offert l’oiseau rare comme il y en a déjà à la Ferme aux Crocodiles de Jong. Pendant que je fais de mon mieux pour la calmer et la persuader avec une histoire décidément tirée par les cheveux, qu’elle ne vient pas faire le ménage dans une maison hantée, les cris redoublent avec l’intensité de l’averse et se rapprochent ; je me surprends à frissonner.
Nika a fini sa journée et le chauffeur de la société de nettoyage est à l’heure pour la récupérer. Les cris ont cessé aussi mystérieusement qu’ils avaient démarré. Alors qu’elle s’apprête à embarquer dans la vannette, je lui rappelle : « A vendredi prochain ! » Elle me jette un regard mi-figue, mi-raisin dans lequel je vois déjà toutes ses collègues terrifiées par le récit de sa journée chez l’Orang Putih (la femme blanche). Ma réputation est faite ; Il va falloir que je me mette en quête d’une autre agence. J’ai bien envie de me mettre à hurler à la mort !

*Rivière
P.S : A fin de ne pas compromettre la vente de Ko Ko Wangi, il n’y aura pas des de version anglaise pour ce billet. LOL !



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